Une fois qu’on a pris conscience de la nécessité de changer le modèle, un désir se fait jour : je veux agir, et concrètement.
Au delà du vote et des manifs, nous pouvons agir au quotidien et changer nos habitudes. Nos actes de la vie courante peuvent eux-mêmes devenir des actes militants avec des impacts concrets. Certes, ce n’est pas un individu qui changera le monde à lui seul. Mais c’est la somme de tous ces changements individuels qui propageront un nouveau modèle ; inspirant nos proches et forçant les choix politiques des dirigeants. Alors, que changer dans nos habitudes pour changer le modèle ?
D’abord, il y a nos achats …
Acheter moins mais mieux, ça peut devenir un acte militant.
En lisant l’histoire de ce T-shirt, on saisit bien l’enjeu. L’industrie textile est polluante, toxique et enfreint en masse les droits humains fondamentaux. La mode nous pousse à renouveler sans cesse notre garde-robe. Choisir des vêtements éthiques et éco-responsables, les faire soi-même, acheter d’occasion, acheter moins, et penser à donner ou recycler … c’est une façon de boycotter les gros groupes industriels de la mode et de ne pas contribuer à leurs abus.
Il en va de même pour nos appareils électroniques. Derrière leur fabrication, il y a l’extraction de matières premières avec des conséquences néfastes pour l’environnement et les populations locales. Certains conflits armés sont le fruit de l’exploitation de lithium, tungstène… ou bien sûr de pétrole. Le phénomène s’amplifie avec l’obsolescence programmée pratiquée par les constructeurs. Si à notre niveau on ne peut pas changer les pratiques des fabricants nous pouvons nous informer sur les engagements des marques, privilégier des modèles réparables et durables, comme le Fairphone, ou alors louer à des particuliers pour des besoins ponctuels (appareil à raclette, perceuse, etc.). Et avant de mettre nos appareils à la casse (le recyclage est aussi très polluant), penser à réparer à l’aide de forums et vidéos en ligne, ou aller dans des repair cafés pour apprendre à réparer soi-même, ou encore donner une seconde vie à nos objets. Dans le cas des tablettes/smartphone pourtant conçus pour ne pas être réparables, il existe aussi des kits spéciaux.
Pour consommer bio, équitable et solidaire près de chez soi, il y a un site sympa: le marché citoyen, qui propose un annuaire de boutiques et initiatives alternatives géolocalisées (alimentation, mode, beauté, service, voyage, habitat, loisirs, transports).
Et pour consommer sans posséder, il y a ce guide du collaboratif très bien fait, proposé par la MAIF en version beta, qui recense déjà une centaine de sites proposant des services collaboratifs (habitat, biens, savoirs, mobilité, alimentation, finance, services).
… ensuite, il y a nos pratiques …
Comment faites-vous vos courses ? De plus en plus d’associations appellent au boycott des supermarchés, pour privilégier circuits-courts, AMAP, production locale, plutôt bio ou raisonnée. Sans rejeter complètement le modèle de la grande distribution, aujourd’hui bien ancré et offrant des prix attractifs, on peut « pratiquer le supermarché en toute conscience » et s’ouvrir à d’autres circuits. Car le modèle de la grande distribution induit un déclin des centres de villages et de villes moyennes, une perte du contact humain, une dépendance à l’automobile, une pression énorme sur les prix auprès des producteurs. Un autre modèle est en train de se développer en masse, la carte du marché citoyen (voir plus haut) vous donnera quelques adresses près de chez vous.
On peut aussi regarder à la loupe notre régime alimentaire … Et notamment notre consommation de viande. L’élevage, c’est 14,5 % des émissions de GES dans le monde en 2013, 80% de la déforestation en Amazonie, 70% des surfaces agricoles pour l’alimentation du bétail. Il faut 7 à 12 kg de céréales pour nourrir 1 kg de viande (chiffres en vidéo ci-dessous). Consommation d’eau, utilisation de pesticides, OGM, destruction des écosystèmes et de la biodiversité … la facture est lourde. De même pour notre santé. Manger trop de viande peut-être néfaste (consulter ce dossier complet pour plus d’infos). Et bien sûr, un régime riche en protéine, avec moins de viande, c’est possible !
D’ailleurs, sur l’alimentation on observe déjà un changement : les français achètent moins de viande, d’alcool, de pain, de lait, et de produits industriels type soda et plats surgelés. En revanche, ils achètent plus de bio ou de produits locaux, et passent de plus en plus par des circuits alternatifs. Le changement est donc déjà là, il suffit de suivre la vague.
Et nos déplacements ? Dans les agglomérations françaises, 40% des déplacements en voiture font moins de 3 km. C’est 35 minutes à pied, 15 minutes à vélo. C’est sûr, il est difficile d’éviter la voiture tant les villes ont été progressivement conçues autour. Mais privilégier les modes actifs lorsque c’est possible, ça fait du bien à notre santé et à la qualité de l’air. Et c’est aussi un enjeu économique d’intérêt général. Par exemple, si la part du vélo dans les déplacements atteignait 12 à 15% des déplacements en France (on compte 3% aujourd’hui, 55% à Copenhague), les dépenses de santé publique seraient réduites de 15 milliards d’euros par an, avec également des retombées sur le chiffre d’affaire du tourisme, et une création non négligeable d’emplois (dans la vente et réparation de vélos notamment). Pour en savoir plus, deux pdf : le premier présente les retombées du vélo en chiffres clés, le second, les enjeux économiques.
… et puis, il y a le choix de nos prestataires de services.
Certaines banques sont assez peu regardantes sur les impacts des projets qu’elles financent (un exemple concret en vidéo). Le top 3 des pires banques françaises en terme d’impacts climatiques et sociaux c’est : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole. Nous sommes en partie complices en y laissant notre argent. Oxfam France et les Amis de la Terre nous invitent à réagir en interpellant directement notre banque, ou en transférant nos comptes vers une banque qui investit dans des projets plus éthiques et solidaires (la Nef, ou le Crédit Coopératif notamment).
Idem pour notre opérateur d’électricité. Enercoop ou Planète Oui sont des alternatives qui investissent dans la production d’une électricité « plus verte ». Pareil pour notre mutuelle, notre compagnie d’assurance, etc.
Bref, des tas d’actions quotidiennes sont possibles !
Ça peut paraître beaucoup, mais en y allant pas à pas, on acquiert des réflexes … et ce qui peut nous « prendre la tête » au départ devient tout naturel.
Alors, passons à l’action !
Pour compléter ce déroulé, de nombreux acteurs ont aussi fait un travail de synthèse pour proposer ces solutions concrètes. En voici une petite sélection :
|
MaCop21.fr : des actions concrètes dans la rubrique “agir pour le climat”. Elles sont complétées par de la documentation pour mieux comprendre les enjeux derrière chaque action.
|
Le mouvement Colibris propose une rubrique « Passer à l’action ». Comme le site maCop21.fr, on y trouve des fiches pratiques et une description documentée des enjeux pour chacune des actions proposées.
“Alternativez-vous”, une publication papier d’Alternatiba et du Collectif pour une Transition Citoyenne (3€). Sous la forme d’un récit-fiction, une factrice nous raconte son quotidien avant et après sa décision de s’engager dans un nouvel élan de vie. On y apprend tout un tas de nouvelles habitudes que nous aussi nous pouvons prendre dès maintenant. |
Les liens pratiques cités dans l’article :
- Annuaire pour consommer autrement : lemarchecitoyen.fr
- Le guide du collaboratif : guide.consocollaborative.com
- Trouver une Amap : reseau-amap.org
- Trouver un point de recyclage de vêtements : lafibredutri.fr
- Annuaire de recyclage pour tout type d’objet : produitspourlavie.org
- Trouver un repaircafé : repaircafe.org/fr
- Trouver le site de location d’objets adapté à ses besoins : Zilok, SharingPlace, Je Loue tout, e-loue …
- Les démarches pour changer de banque : financeresponsable.org
Au delà de la consommation…
Agir au quotidien, est-ce seulement consommer autrement ? Bien sûr que non. Si nous avons mis le focus sur cet aspect, c’est qu’il est source de pleins de questions, et souvent, d’abandons (« à quoi bon, même le bio est pourri, je l’ai vu dans une enquête sur TF6 »). Mais agir au quotidien c’est aussi :
- Proposer à son entreprise des méthodes participatives et un management plus horizontal, comme l’holacratie
- Signer des pétitions, notamment des ICE (Initiatives Citoyennes Européennes)
- Ecrire à son député
- Rénover son logement
- Jeter moins
- Sourire ! Dans la rue, les transports, les commerces, au boulot. On oublie souvent que le sourire est une arme de changement massif …
Plus de gestes sur le site d’Equiterre !
Pour aller plus loin … quelques références biblio
Un million de révolutions tranquilles de Bénédicte Manier : un survol riche et passionnant d’actions menées par des pionniers de la transition, vers une société plus participative, solidaire et humaine.
Ils changent le monde ! : 1001 initiatives de transition écologique de Rob Hopkins : un appel à l’action concrète de la part du fondateur du mouvement des « villes en transition ». Il explique pourquoi il faut passer à l’action et donne des exemples d’actions locales réussies en guise d’inspiration.
Up to you ! recueil d’initiatives positives proposées par la communauté Up : renouveler notre démocratie, changer l’école pour changer le monde, réinventer l’entreprise, ré-enchanter l’économie, innover pour quelle société ?
Les étapes du changement – Consulter les autres articles de la série
- S’informer autrement
- Se transformer intérieurement
- Agir au quotidien
- S’engager collectivement
Porteurs de Liens 